Changer le climat … politique

Hier soir la ministre fédérale de l’environnement, Marie Christine Marghen, rencontrait dans un débat sur la radio La Première (RTBF), Georges Gilkinet à propos de la pertinence de proposer une loi spéciale sur le climat en réponse aux marches des citoyens et des étudiants.

D’entrée de jeu, satisfaction d’entendre que les deux politiques sont d’accord. Voilà qui ne faisait pas l’affaire de l’animateur de l’émission quand on sait l’appétence qu’ont les journalistes pour les polémiques qui apportent leur lot de petites phrases et parfois même des propos spontanés qui feront le buzz et donc de l’audience..

Naturellement, période pré-electrorale oblige, il fallait bien qu’ils s’opposent sur quelque chose. Ce fut sur la paternité ou la maternité du projet de loi. Les « C’est nous qui avons pris l’initiative de déposer le projet de loi » et les « C’est moi qui ai commandé l’étude universitaire » ont de manière étonnamment rapide mis de côté la pertinence de ce projet de loi spéciale. Et comme si cela ne suffisait pas Mr Gilkinet – et bien sûr que je le comprend – n’a pu s’empêcher de reprocher l’éternel « Vous n’avez rien fait, ou trop peu, durant ces quatre dernière années » auquel Me Marghem a bien entendu répondu par un ferme « Je ne suis pas d’accord … et je ne suis pas la seule! ».

L’animateur du débat devait être aux anges. enfin une petite polémique! Et moi de me renfrogner de les voir retomber dans les ornières des attaques stériles et inopportunes.

Bien sûr que je comprends que leur présence à cette émission avait pour but d’attirer de l’électeur. Et c’est cela qui m’a dérangé.

Face à une urgence telle que nous sommes en train de la vivre, face à la difficulté de décider et d’agir, plongés dans un monde global où les mesures des uns n’ont de sens que si les autres font de même, il est plus que temps de changer de climat… politique.

Quand la maison est en feu, ce n’est pas le moment de se disputer sur qui a rangé ou non les clés à leur place ou qui a eu la bonne idée d’acheter un extincteur alors que l’autre n’a rien fait.

Nos politiques auront vraiment compris le message des citoyens et des étudiants le jour où il agiront avec un sentiment d’union nationale ou fédérale ou multipartite – appelez cela comme vous le voulez.

Le vrai débat doit se situer entre ceux qui accepte l’idée d’une loi spéciale pour le climat et ceux qui s’y opposent pour n’importe quelle stupide raison.

Après, quand cette loi sera votée qui permettra que toute initiative de l’exécutif soit évaluée à l’aulne de son impact sur le climatique, que chacune et chacun tente d’y répondre selon ses affinités politiques en proposant telle ou telle mesure. C’est de bonne guerre, et ce serait même plus riche – et moins suspect– que l’expression d’une pensée unique.

Une fois de plus, le paradigme du conflit induit par la formule du débat enferme nos politiques. Imaginez ce qui se passerait si ces mêmes politiques avaient échangé dans le dialogue: oui, il faut cette loi spéciale, oui, j’entends vos propositions et j’ajoute celle-ci et je la complète pour cela. Par petites touches, chacune et chacun apporterait sa couleur, pour construire un projet tant réclamé par leurs électeurs qui ne sont pas dupes de l’énergie gaspillée en combats stériles alors que notre planète s’adapte à nos dépens aux maux que nous, les humains, lui infligent.

1 commentaire

  • PAUL Cécile

    S’ils (les politiques) apprenaient qu’en coopérant comme tu le décris, ils s’attireraient plus de suffrages, on peut quand même espérer qu’ils privilégieraient cette façon d’interagir.

    Mais pour qu’ils l’apprennent il faut déjà que cela fasse partie mentalement d’un éventail de possibilités et comme tu le soulèves, les débats auxquels nous assistons sont enfermés dans le paradigme que tu décris. Les électeurs peuvent encore provoquer cette différence.. lors des prochaines élections. Les candidats devraient voir leur esprit qualifié, un peut comme les appareils électroménagers pour la consommation d’énergie, mais en terme de coopération..

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